devenir un double des Américains, si amicaux et forts que soient nos liens avec eux. Nous avons notre propre échelle de valeurs, nos propres attitudes devant la vie, qui ne sont ni anglaises, ni françaises, ni américaines. Il suffit d’aller en Angleterre, en France ou aux États-Unis pour s’en rendre compte.
L’existence d’une collectivité canadienne se manifeste également dans des institutions communes: le Parlement du Canada, une conception commune de l’ordre public, un seul et même marché qui dépend d’un Canada uni, des institutions commerciales et financières communes, les chemins de fer nationaux et Air Canada, la Société Radio-Canada et d’autres institutions nationales. Nous avons désormais aussi en commun notre propre drapeau et notre hymne national. Ces liens, ces manifestations de notre identité canadienne, nous les considérons souvent comme tout à fait normaux; mais nous ne permettront pas leur destruction.
L’existence d’une collectivité canadienne se manifeste également par la façon dont les Canadiens s’occupent les uns des autres. Le soin des sous-privilégiés ou des désavantagés n’est plus laissé à la seule collectivité locale, au hasard des secours offerts par la municipalité ou l’institution de charité. D’un bout à l’autre du pays les Canadiens contribuent de nos jours à maintenir à un certain niveau le revenu de leurs concitoyens, où qu’ils habitent, grâce aux pensions de sécurité de la vieillesse, à l’assurance-chômage et aux allocations familiales. Ils aident à financer les paiements de péréquation qui permettent aux gouvernements des provinces à revenu relativement faible d’assurer à leur population une santé, un bien-être, une instruction et d’autres services publics convenables. Les Canadiens contribuent aussi, individuellement, aux programmes nationaux visant à accroître le bien-être économique des régions plus pauvres que la leur. Voilà ce qui se produit lorsque régne un esprit de solidarité. Plus vif est cet esprit de solidarité nationale, plus grand est le désir des individus de contribuer au bien-être des autres qui ne sont pas membres de leur groupement ou ne se trouvent pas dans leur région.
Il existe une collectivité canadienne même dans un monde de plus en plus interdépendant et, parfois, en dépit de cette interdépendance. Au long des années, les hommes d’État canadiens ont insisté sur leur droit à négocier comme Canadiens et à représenter leur pays comme Canadiens. Comme individus, les Canadiens ont pris position pour la liberté et l’égalité, et un grand nombre l’ont payé cher. L’État canadien a fourni un apport tout particulier aux affaires mondiales — aux Nations Unies et à d’autres organismes et groupements internationaux. C’est comme Canadiens que nous avons contribué à la paix du monde et au bien-être de nations plus pauvres.
Voilà un peu de ce qu’est le Canada. Qu’en est-il de ses perspectives? Elles se rattachent à ses riches ressources, humaines, naturelles et technologiques. La croissance de notre économie — déjà l’une des plus riches du monde — ne sera limitée qu’en fonction de nos propres limitations en déter-
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“D’un bout à l’autre du pays les Canadiens contribuent de nos jours à maintenir à un certain niveau le revenu de leurs concitoyens, où qu’ils habitent, grâce aux pensions de sécurité de la vieillesse, à l’assurance-chômage et aux allocations familiales.” You can smell the “Guaranteed Basic Income” hovering in the background here; and which is a goal of the PQ’s 1972 manifesto, but cannot be done without full-blown socialist planning.